lundi 31 mai 2010

Nauru, l'île dévastée-Luc FOLLIET



Ce livre n'est pas un roman, ni le scénario d'un film catastrophe à la sauce Hollywood mais un essai, et donc la réalité. Nauru est une petite île du Pacifique sud, satellit de l'Australie. Riche en minerai, cela lui a rapporté énormément d'argent, des entreprises australiennes étant venues exploiter le sol.Tellement d'argent qu'il coulait à flots et a été dilapidé en excès en tous genres: compagnie aérienne, gouvernements pléthoriques, 4x4 en pagaille pour une route de quelques kilomètres, hôpital démesuré, repas pantagruéliques...
Mais un jour, les réserves naturelles se sont épuisées, les investisseurs se sont retirés et les Nauruans, qui n'avaient pas prévu ça, trop occupés qu'ils étaient à dépenser, se sont retrouvés sans le sou. Moins de trente ans plus tard, c'est la misère: les grosses voitures ne circulent plus puisqu'il n'y a plus d'essence, les frigidaires ne fonctionnent pas faute d'électricité et les habitants sont obèses, diabétiques à cause d'une alimentation déséquilibrée.
Désormais, ils tentent de trouver un peu d'argent et regrettent le temps béni de l'argent facile, tout en se résignant. Quelques mines sont ecore exploitées, qui leur ramènent quelques deniers. Et surtout, l'Australie s'est servie de l'île comme de prison en y parquant les immigrés clandestins. Ce camp a fermé il y a peu; il ne restait à la fin que deux hommes qui passaient leurs interminables journées à ne rien faire: libres sur l'île mais prisonniers.

C'est un petit livre mais qui contient un récit absolument effarant; j'en connaissais l'histoire pour avoir vu un reportage télé mais cette lecture m'a permis d'avoir davantage de détails. Et de malheureusement, pouvoir faire un comparatif avec la situation actuelle de la Polynésie française, étrangement similaire...
Ca fait froid dans le dos.

dimanche 9 mai 2010

La fureur et l'ennui-Richard FLANAGAN



Une fois de plus,je lis un auteur australien pas gai; effectivement, à part Kenneth Cook, pour l'instant tous les livres d'écrivains australiens et néo-zélandais que j'ai découverts, sont plutôt du genre déprimants. Richard Flanagan ne fait donc pas exception à la règle. J'étais prévenue, puisque j'avais déjà lu de lui, et apprécié, Dispersés par le vent.

Ce deux romans sont peu réjouissants, mettant en scène deux femmes aux destins tragiques. Certes les époques sont différentes, les lieux aussi (la Tasmanie pour Dispersés par le vent, Sydney pour La fureur et l'ennui) mais elles se ressemblent, en lutte contre les préjugés.

L'héroïne ici, c'est la Poupée, stripteaseuse dans une boîte de nuit à la mode de Sydeny; elle se produit chaque soir afin d'entasser les dollars qui lui permettront de s'acheter un appartement, une vie normale et une dignité. Elle y est presque mais une seule aventure d'un soir va tout faire basculer. Il suffira d'une nuit passée avec un beau jeune homme soupçonné d'être un dangereux terroriste pour que les médias s'emballent et que la Poupée se retrouve traquée comme une bête sauvage. Aucune échappatoire possible, à part la mort. Mais la Poupée, bien que proie facile, est maligne et ne renonce pas si vite. Elle erre dans les rues de Sydney, pensant que tout ce battage médiatique autour d'elle, qu'on appelle désormais la Veuve noire, va se tasser; mais non, elle est partout, sur tous les écrans de télé, dans tous les postes de radio. Elle doit agir et va agir...

Richard Flanagan a été inspiré, comme beaucoup, par le 11 septembre 2001, la paranoïa que cela a entraîné, ainsi que l'avidité de certains "journalistes" avides de scoops morbides.
Pour tout dire, j'ai préféré Dispersés par le vent, moins actuel. Cela dit, une fois plongée dans le roman,celui-ci a rempli son contrat: l'affaire est bien menée, avec un bon rythme, des rebondissements bien que l'on sente que l'issue risque d'être fatale. Un roman efficace qui met en scène les travers du genre humain. Peu d'espoir, peu d'illusions: une fois que le lecteur a intégré ce principe, il peut lire avec "plaisir" l'épopée malheureuse de la Poupée.

Richard Flanagan est donc pour moi, un écrivain à suivre; peut-être un jour écrira-t-il quelque chose de moins désespéré, ça pourrait être intéressant...