lundi 28 juin 2010

Mise en bouche-Kyung-Ran Jo



K, la trentaine, est au fond du gouffre: elle qui donnait des cours de cuisine et vivait une histoire d'amour se retrouve seule et forcée de reprendre son travail de cuisinière au Nove, restaurant italien renommé de Séoul. Elle maigrit, n'a plus goût à rien, manger et faire la cuisine ne l'inspirent plus vraiment. Ce qu'elle veut, c'est récupérer son compagnon qui l'a quittée pour une top model. Et ça en devient une obsession qui se mêle à sa passion pour l'art de la cuisine.

J'avoue, j'ai eu du mal à avancer dans ma lecture. Des lamentations sans fin, des comparaisons trop fréquentes entre la cuisine et le sexe, des discours culinaires et des passages sur l'histoire de la cuisine sans intérêt, une présentation de plats pas vraiment alléchants, bref, rien ne me plaisait particulièrement ni ne me poussait à poursuivre.
Sauf que je ne suis pas du genre à ne pas terminer un livre et surtout, j'ai lu la critique de Traversay qui m'a fait tenir. En effet, il y parle d'une fin surprenante. Et c'est le moins que l'on puisse dire! Les vingt dernières pages montent en puissance jusqu'au bouquet final, où la passion fait perdre les pédales.
J'y ai retrouvé l'imagination et la folie des auteurs japonais, voisins de l'auteure, Coréenne. Rien que pour la fin donc, je ne regrette pas ma lecture et, sans forcément en conseiller la lecture, je dirais que, s'il croise votre chemin, ne le laissez pas passer.

Merci à Babelio et son opération Masse critique, ainsi qu'aux éditions Philippe Rey.

mercredi 23 juin 2010

Seul dans Berlin-Hans FALLADA


Deuxième guerre mondiale, au coeur de Berlin. Nous suivons le destin de plusieurs Berlinois qui subissent le conflit, ou s'en délectent. Tous ont un lien: ils sont voisins, ont un homme en commun...Certains sont nazis, d'autres passifs, tandis que d'autres encore s'opposent, à leur façon, à cette guerre. Je pense à cet homme, seul avec sa femme. Ils se parlent peu mais s'aiment, il est ouvrier menuisier consciencieux et dur à la tâche. Un de leur fils est mort au combat, l'autre vire SS. Cet homme simple pense qu'il doit lutter, ce qu'il fait en rédigeant des messages anti-guerre sur des cartes postales, qu'il dispose ensuite dans des cages d'escaliers d'immeubles de Berlin. Ces mesages "subversifs" exaspèrent au plus point les autorités qui déploient d'importants moyens pour confondre ce traître de la patrie. Et elles réussiront. Son épouse, d'habitude si effacée, fera ensuite preuve de breaucoup de caractère...

Hans Fallada a réussi à faire de ce roman une sorte de document historique, passionnant et qui fait des frissons dans le dos. A peu près toutes les réactions possibles en temps de période troublée sont brossées, de la plus vile à plus courageuse, voire inconsidérée. L'homme est un loup pour l'homme, c'est certain, Hans Fallada ne le dément pas. Mais il existe aussi des agneaux, dociles et bons.

lundi 21 juin 2010

La cité des jarres-Arnaldur INDRIDASON


Terrifiant ce pola, limite glaçant (normal, vous me direz pour un polar scandinave!).

L'histoire: un vieux monsieur, apparemment sans histoire, est retrouvé mort dans son appartement. Après un petit moment de doute, il semble que ce soit bien un assassinat. En effet, un étrange message rédigé sur un bout de papier a été retrouvé près du corps. L'inspecteur Erlendur est chargé de l'enquête. Il va vite découvrir que la victime était en fait une ordure, collectionneuse de vidéos pédophiles. Reste à savoir qui l'a tuée, et pourquoi.
En même temps qu'il tente de régler cette affaire sordide, le policier est débordé par sa vie privée; en effet, sa fille, droguée et enceinte,lui cause bien du souci.

La cité des jarres est le premier polar dans lequel intervient Erlendur. Bien évidemment, et comme à mon habitude, j'ai débuté par le deuxième, La femme en vert, que j'avais beaucoup apprécié. Mais je dois dire que La cité des jarres m'a davantage plu. Plus effrayant, peut-être mieux mené, je ne sais pas, plus à mon goût peut-être, tout simplement. Tout s'enchaîne parfaitement, les pièces du puzzle se mettent en place petit à petit, jusqu'à la vérité. L'apport d'éléments personnels sur Erlendur le rendent un peu plus humain,le lecteur est dans l'empathie. Car ce qu'on découvre sur son intimité est peu réjouissant, puisque sa vie sociale et familiale est totalement ratée, même inexistante.

Je poosède Hypothermie, le dernier Indridason, que j'ai très envie de lire. Les auteurs venus du frois sont décidément à suivre...

mardi 1 juin 2010

Les rêves perdus ne marchent jamais-Raumoa ORMSBY


On reste dans le Pacifique sud, direction cette fois la Nouvelle-Zélande, dans la banlieue d'Auckland. Comme la plupart des romans d'auteurs australiens et néo-zélandais, celui-ci ne fait pas exception: il est triste, voire déprimant.
C'est l'histoire d'un jeune homme (dont j'ai oublié le prénom)vivant dans une communauté Maorie des environs d'Auckland. Il a été élevé par ses grands-parents maternels, sa mère étant morte à sa naissance et son père inconnu, du moins du jeune homme. Ce père sans visage le fascine, l'intrigue, il le fantasme: c'est forcément un héros, quelqu'un de bien, qui aurait été obligé de disparaître.
Notre héros est jeune, rêve d'entrer dans l'armée. Alors il bosse dur pour réussir son concours. Contrairement à la plupart des jeunes Maoris de sa communauté, il a de l'ambition et sait quoi faire de sa vie. Pointer au chômage et attendre que les allocations tombent en buvant de la bière, ce n'est pas pour lui. Sa vie bascule pourtant lorsqu'une amie et sa mère se font violer par de jeunes délinquants que tout le monde connaît. Impossible de laisser passer ça. Notre jeune Maori va s'occuper d'elles, rassurer son amie, l'apprivoiser. Dans le même temps, il découvre qui est son père et apprend qu'il ne sera jamais militaire. Trois évènements majeurs dans sa courte existence qui vont l'entraîner dans un cercle infernal qui va mal se terminer.

Voilà, je vous ai prévenus, ce roman est triste, jusqu'à la fin. Quand même, à certains moments, l'espoir (re)naît, mais jamais bien longtemps. Malheureusement, une bonne partie des Maoris vit ainsi: allocations, chômage, alcool, bagarres, prison et tout se qui s'en suit.
Ceci est le premier roman de Raumoa Ormsby, plutôt prometteur, bien que j'espère que le suivant, s'il existe, sera plus joyeux. Certes, il est moins prenant que L'âme des guerriers d'Alan Duff, le rythme est plus poussif mais l'ensemble révèle un auteur talentueux. Je me demande également si la traduction ne serait pas en cause dans les défauts que j'ai pu constater.
Bref, un récit "pas mal" mais possédant moins de caractère que l'oeuvre d'Alan Duff.