lundi 29 septembre 2008

Regarde les hommes tomber


Ce week-end, j'ai visionné Regarde les hommes tomber, premier et très bon film de Jacques Audiard.
L'histoire de 3 hommes, amenés à se rencontrer dans des conditions violentes: l'un (Jean-Louis Trintignant) est un vieux truand dépassé et SDF. Il recueille sur le bord d'une route un jeune benêt (Mathieu Kassovitz) qu'il va former au meurtre.
En parallèle, on suit le parcours d'un représentant de commerce proche de la retraite (Jean Yanne) dont l'ami policier sombre dans le coma après avoir été touché par une balle. Il n'aura alors qu'une seul but dans sa morne vie: trouver la personne qui a fait ça et venger son ami.

C'est un film un peu difficile à suivre au début car les destins sont croisés, avec retours en arrière. Mais peu à peu, le spectateur sait où on l'emmène et se laisse aller. L'ensemble peut être violent car on assiste à des meurtres de sang froid et gratuits mais ce qui ressort du film, c'est surtout les rapports entre les personnages, J-L Trintignant, M.Kassovits et J.Yanne, tous les trois excellents, leur complexité, leurs errances et leur détermination.

Un très bon thriller donc, tiré d'un roman noir de Teri White, Triangle en anglais, Regarde les hommes tomber/Un trio sans espoir en français.
Quelqu'un aurait-il lu cet auteur?

lundi 22 septembre 2008

La vie rêvée des plantes-Lee SEUNG-U


Nous voici dans une famile bien étrange: le frère cadet, détective raté, est chargé, par un mystérieux client, de suivre sa mère. Le frère aîné, en fauteuil après un accident d'armée et fiancé à une jolie fille dont le cadet est amoureux, tente de reconstruire une vie sans ses jambes; le père est absent, ne parle pas et est plongé dans son journal. Quant à la mère, elle est malheureuse parce qu'elle a gâché sa vie.

Bref que du noir, du moins au début. Parce qu'au fur et à mesure, ces cinq personnages vont se rapprocher, se retrouver, s'enlacer, se dire qu'ils s'aiment ou au moins le penser. Les frères par exemple, se rapprochent grâce à la fameuse fiancée, Sunmi, mais surtout suite à une promenade dans un parc public qu'ils aiment tous les deux pour ses grands arbres.
La mère elle, va leur dévoiler un secret, secret qui va offrir un magnifique dénouement au roman.

Voilà un roman vraiment hors du commun! Déjà l'écrivain est Coréen et je crois bien que c'est le premier auteur coréen que je lis. Et je n'ai pas été déçue; on retrouve une originalité proche des romans japonais que j'ai pu lire.
L'atmosphère est très dure dans les premières pages, voire glauque et malsaine mais celle-ci devient moins pesante, avec une vraie poésie qui s'installe, l'incompréhension entre les êtres faisant place à une tendresse et un désir d'apprendre à être heureux, ensemble si possible.

Une bien belle histoire, peu banale mais attirante, que je ne peux que vous conseiller.

L'ont déjà lu: bmr-mam, Chatperlipopette qui l'a lu après moi mais qui est moins en retard dans ses notes de lecture.

mardi 16 septembre 2008

Les Neiges bleues-Piotr BEDNARSKI



Ce livre est un roman certes mais inspiré de la vie de l'auteur.
Le narrateur est un petit garçon polonais, envoyé avec ses parents dans un camp de prisonniers en Sibérie, pendant la Seconde guerre Mondiale. Son père a été transféré dans un camp de travail, où il mourra quelque temps plus tard. Il vit avec sa mère, une beauté qui fait tourner la tête de tous les hommes et sa tante.Malgré ce déracinement et les humiliations quotidiennes, il réussit à vivre une vie d'enfant, avec les jeux, l'école et les copains, les bons moments de l'enfance étant entrecoupés par des annonces de décès quasi-quotidiennes. Ce petit garçon perdra tout et tout le monde, même sa mère.

Piotr Bednarski a vécu cela et a perdu toute sa famille en Sibérie; malgré tout il a survécu et écrit ce magnifique petit livre, constitué de courts chapitres, sortes de nouvelles chronologiques contant sa vie, son enfer dans le camp.
On n'est, à aucun moment dans le larmoyant, ni le pathos car l'auteur a utilisé des mots d'enfant ou plutôt, s'est remémoré cette période avec ses yeux d'enfant, ce qui a permis d'enjoliver l'horreur. On lit donc des anecdotes tantôt touchantes, tantôt presque drôles, anodines ou pas mais qui retracent la réalité.
Difficile de faire la part des choses entre les histoires vécues ou imaginées (l'histoire du pull marin par exemple); ce qui est certain, c'est que le pire, il l'a vécu et que rien que pour rendre hommage aux victimes des camps de Sibérie, il faut lire ce livre.

lundi 8 septembre 2008

Chroniques de l'oiseau à ressort-Haruki MURAKAMI


Je devais lire Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil dans le cadre du club de lecture de Lisa et Sylire mais comme on m'a prêté Les Chroniques j'ai préféré commencer par celui-ci. Je crois que j'aurais dû faire le contraire...

Toru Okada est un trentenaire, marié, au chômage, sans histoire mais plutôt dans la contemplation et la passivité. Tout change pour lui quand, subitement, sa femme ne rentre pas à la maison. Elle a disparu sans laisser d'adresse, avc un autre. Au lieu de remuer ciel et terre pour la retrouver,il ne fait rien et entre dans une sorte de dépression. De nombreux évènements extérieurs vont l'amener à se remuer un peu, à agir de manière parfois irrationnelle; mais aussi, les rencontres étranges qu'il fait vont l'amener à se questionner sur sa vie, son couple, son avancée dans la vie.

Je vous l'avoue, j'ai peiné. Mais au final, je suis loin d'avoir détesté et la découverte de Murakami est plutôt concluante. Je suis quand même bien loin du coup de coeur qu'ont eu pas mal de lecteurs. Certains chapitres m'ont énormément plu, d'autres nettement moins; l'ambiance semi-fantastique et irréelle m'a, le plus souvent, donné envie de poursuivre mais m'a également dérangée.
J'ai eu du mal à savoir où voulait m'emmenait l'auteur: j'avançais dans la lecture et rien ne se passait, j'étais face à un anti-héros de mon âge qui semblait se complaire dans sa souffrance et son immobilisme. Peu à peu, l'apparition de divers personnages complètement atypiques m'ont stimulée, en même temps que Toru Okada.

Je suis donc ressortie de cette lecture avec un sentiment mitigé:enfin, j'étais arrivée au bout de ces 800 et quelques pages, et notre Toru semblait avoir enfin trouvé une piste pour avancer; je ne m'étais donc pas acharnée pour rien sans avoir réussi à bien cerner et l'auteur et les personnages.

Sur mes étagères, j'ai en attente Kafka sur le rivage et Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, que je lirai, mais après avoir une pause Murakami de quelques mois, cette lecture m'ayant trop déroutée et presque fatiguée.

L'ont lu avant moi: Le Bibliomane,Clarinette.

mardi 2 septembre 2008

La mort d'un lac-Arthur UPFIELD


En Australie, en plein désert, la vie existe malgré la chaleur et le manque d'eau. C'est dans une immense ferme au milieu de nulle part que se situe l'action de ce roman. Une poignée d'hommes et deux femmes s'occupent de la ferme; la tension est omniprésente, surtout depuis qu'un des fermiers a disparu un an auparavant, sans doute tué par l'un d'eux. Napoléon Bonaparte, inspecteur à moitié Aborigène est envoyé sur place, officiellement en tant que dresseur de chevaux, officieusement pour enquêter et trouver le coupable. Et il parviendra à bout de sa mission, discrètement, se fondant parmi ces rudes Australiens dévorés par l'appât du gain.

Ce roman a été écrit dans les années 50 et encore aujourd'hui, des Australiens vivent en plein centre du pays, dans des fermes immenses, sous une chaleur insoutenable. C'est cet aspect qui m'a plu et ramenée dans ce pays que je commence à connaître et qui me fascine. Pour le reste, c'est-à-dire l'enquête, et bien, je l'ai trouvée un peu trop rondement menée et sans grand intérêt ni suspense.

Si j'ai l'occasion de relire Arthur Upfield, je saurai donc à quoi m'en tenir: une connaissance parfaite du pays (il faut dire qu'il s'y est expatrié et vécu de nombreuses années, faisant toutes sortes de métiers, dont employé de ferme)très intéressante mais une intrigue un peu faiblarde.

lundi 1 septembre 2008

La fausse veuve-Florence BEN SADOUN


Un roman "autofiction" comme on appelle ce genre de livres. La narratrice, en 107 pages, survole la relation qu'elle a eue avec un homme victime d'un accident cérébral et condamné, par le locked-in-syndrom, à ne plus bouger excepté un oeil grâce auquel il communique encore. Cet homme, c'est Jean-Dominique Bauby, qui fut rédacteur en chef d'ELLE et qui a raconté sa fin de vie en dictant Le scaphandre et le papillon. Livre adapté récemment au cinéma avec Mathieu Amalric dans le rôle principal.
Et cette femme, c'est la maîtresse de Bauby, pour laquelle il a quitté femme et enfants quelques mois avant l'accident.
Dans ce livre, elle s'adresse à son amant, 10 ans après le décès, tantôt en le tutoyant, tantôt en le vouvoyant. Elle raconte, un peu son enfance, les visites à l'hôpital, l'injustice ressentie à n'être considérée que comme la 2ème femme, la maîtresse, la méchante.

Comme je l'ai écrit, tout est survolé, et c'est un peu dommage. On a ainsi plutôt une impression de rancoeur tenace, de règlements de compte à OK Corral plutôt que d'une histoire d'amour qui s'est mal terminée et dont la narratrice a mis 10 ans à se remettre.

Le talent d'écrivain de Florence Ben Sadoun est indéniable; l'ensemble est sans concessions, direct mais sec et la brièveté du tout m'a un peu laissée sur la touche.
Cette alternance tu/vous ne m'a ni dérangée ni désarçonnée mais j'aurais aimé en connaître la raison exacte, si ces changements étaient aléatoires ou réfléchis,car il m'a parfois été compliqué d'en comprendre le mécanisme.

J'ai eu le même ressenti que beaucoup de lecteurs-bloggeurs, à savoir qu'étaler sa vie privée, sous couvert d'un "roman" a toujours tendance à me gêner.

N'empêche que, finalement, j'ai apprécié ce livre, peut-être parce que j'ai lu et vu Le scaphandre et le papillon (ce qui ferait bondir Florence Ben Sadoun, elle qui s'insurge contre ce film, bien qu'il ne soit jamais nommé).Un premier roman qui donne à penser que le prochain, s'il est moins autobiographique, pourrait être de grande qualité.

Merci aux éditions Denoël et à Chez les filles.

Ont été gâtées également: Lisa,Amanda, Joelle, Valdebaz et d'autres.