
Voilà j'ai découvert Christophe Donner, un écrivain dont j'avais vaguement entendu parler et qui, malgré son écriture prolifique n'était jamais arrivé entre mes mains auparavant.
Un roi sans lendemain est un roman historique, sur un sujet qui a visiblement passionné l'auteur: qu'est devenu Louis XVII, le fils de Louis XVI, l'enfant du Temple? Car cet enfant n'est pas mort en même temps que ses parents mais a été emprisonné au Temple, sans voir le jour pendant des mois et des mois, devenant aveugle, rachitique et pouilleux.
En parallèle, du moins dans la première moitié du livre, le narrateur, Henri Norden (Norden-Donner...)règle quelques comptes avec sa famille et tombe amoureux d'une présentatrice télé à succès libanaise. Lui est scénariste et écrivain; s'il en vient à se passionner pour cet enfant, c'est parce qu'on lui a demandé d'écrire un scénario de film sur le sujet.
Il n'a alors plus qu'une idée en tête ou presque: qu'est-il arrivé à Louis XVII? S'il a été tué, alors, qui est à l'origine de ce meurtre? Pour Norden, aucun doute, c'est Hébert, fondateur d'un journal satyrique sous la Révolution, le Père Duchesne et écrivain. Le fait qu'un écrivain soit à l'origine de la mort d'un enfant tracasse beaucoup Norden. Mais ses recherches vont confirmer ses dires.
Ce roman m'a fascinée: à la fois récit autobiographique, à la fois roman historique très fouillé, j'ai énormément apprécié.
D'une part, j'ai aimé le style de Donner, avec ses phrases qui ne mâchent pas leurs mots; il n'est d'ailleurs pas toujours tendre avec sa famille mais paraît-il qu'il l'est rarement dans ses autres ouvrages.
D'autre part, il a réussi à m'intéresser à la Révolution qui n'est quand même pas ma période historique préférée; tout ça parce que je l'ai moi-même senti imprégné par la Révolution, à tel point que la seconde moitié du livre occulte totalement la vie du narrateur pour ne se consacrer qu'à l'enfant du Temple,ses parents (Louix XVI et Marie-Antoinette pour ceux qui n'auraient pas suivi) et leur tortionnaire, Hébert.
On sent que Donner-Norden est à la fois terrifié par l'attitude d'Hébert mais aussi admiratif, tout comme il s'est pris d'affection pour le petit Louis XVII.
Alors forcément, si l'Histoire ne vous intéresse pas, passez votre chemin, car malgré les qualités littéraires évidentes, vous risquez de vous ennuyer. En revanche, si vous l'appréciez,ainsi que Donner et sa franchise alors régalez-vous!
[Edit à 8h18: une copine de forum m'a affirmé avoir beaucoup aimé ce roman alors qu'elle n'aime pas, d'habitude, les romans historiques. Comme quoi, quand un écrivain est talentueux, il peut nous faire lire n'importe quoi.]